Créer des mondes
Suzanne Husky
Suzanne Husky, Empreinte de castor, photo de recherche 2022 © Suzanne Husky
Suzanne Husky, Rencontre avec Pomkin, photo de recherche, 2022 © Suzanne Husky
Suzanne Husky, Empreinte de castor, photo de recherche 2022 © Suzanne Husky
Suzanne Husky, Rencontre avec Pomkin, photo de recherche, 2022 © Suzanne Husky
Suzanne Husky, Empreinte de castor, photo de recherche 2022 © Suzanne Husky
Suzanne Husky, lorsqu’elle se présente, se définit comme artiste, jardinière et mère de famille. Formée initialement en tant que paysagiste horticole et consultante en plantes, elle a poursuivi ensuite avec des études d’agroécologie et d’agroforesterie, venant ainsi compléter un profil aux multiples facettes. L’ensemble de ses connaissances et expériences l’accompagnent dans le développement d’une pratique artistique qui interroge l’action humaine sur la nature et l’environnement en portant ainsi sur les relations entre les humains, les plantes et la terre.
Pluridisciplinaire, son travail allie autant la conception de jardins que de céramiques, en passant par la sculpture, la vidéo, la photographie, le dessin ou d’autres savoir-faire artisanaux. À travers le choix soigneux des matériaux qu’elle met en œuvre, elle évoque à la fois une histoire du paysage et l’exploitation des territoires. Résolument transhistorique et transdisciplinaires, les œuvres de Suzanne Husky se forgent au fil des rencontres et des collaborations variées qu’elle provoque : avec des historien·ne·s, des chercheur·se·s, des habitant·e·s, des artisan·e·s des sites qu’elle parcourt. Ces explorations conduisent au bout du chemin à un positionnement rigoureusement politique exposé à d’autres regards et situations de dialogue par le biais d’expositions, de podcasts, de conférences, de performances. Cette posture poétiquement engagée s’appuie sur des faits scientifiques comme des théories sociologiques, des utopies philosophiques ou d’autres actions révolutionnaires. Ces luttes passées sous silence et ainsi révélées nous conduisent à devoir apprendre de celles et ceux qui avaient déjà engagés ces combats par le passé, à réinventer nos habitats, nos économies et modes de vies et à reconsidérer les stratégies possibles de résistance.
En 2021, l’artiste a débuté une recherche autour du rôle essentiel du castor d’Amérique du Nord quant à la préservation du paysage californien. Contrairement à l’image péjorative dont a souffert et souffre encore la réputation du castor aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, ce dernier est un allié unique pour les humains dans sa participation à l’agriculture régénératrice au regard, notamment, des caractéristiques de construction de son écosystème. Ce travail de recherches mène Suzanne Husky à explorer l’histoire des relations entre le castor et les hommes à la fois en termes étymologiques, historiques, géographiques et écologiques.
La ville de Saint-Fons, commune au bord du Rhône, fleuve dont l’écosystème incluant ses affluents constitue l’un des derniers repères de castors en France, offre à l’artiste le contexte parfait pour poursuivre ses recherches. Suzanne Husky souhaite investir les espaces du centre d’art avec des artefacts, des objets documentaires, ainsi qu’un film qu’elle réalisera dans la région pour générer un lieu de rencontre et d’échanges autour de cette thématique. Elle désire par cette entremise nous rappeler combien cette espèce est clé dans la constitution même de notre écosystème. À partir de cette première étape de prise de conscience et de résistance collective, elle projette également de réfléchir avec toutes personnes susceptibles de vouloir la rejoindre à des histoires de castors, réelles ou fictionnelles, qui pourraient conduire leur retour à Saint-Fons et peut être bien ramener la ville à son fleuve dont elle est physiquement coupée depuis 1959.
En partenariat avec la Biennale – Veduta de Lyon 2022 et l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Avec la collaboration de la SMIRIL et du Grand Parc Miribel Jonage.
Suzanne Husky
Née en 1975 à Bazas, France. Vit et travaille entre Bordeaux (France) et San Francisco (USA).
Site web : www.suzannehusky.com
Instagram : @suzannehusky
Formée par la terre, puis en paysagisme et en agroécologie, Suzanne Husky développe une pratique artistique qui d’une part observe les formes de dominations sur le vivant et leurs interconnections, mais est aussi force de propositions. Peut-on « œuvrer avec la terre » plutôt que lutter contre ? Peut-on amplifier nos environnements, comme nous l’enseigne le peuple castor ? Ses œuvres peuvent prendre la forme d’un sol aggradé (régénéré), d’un·e jardin-forêt, de la recherche des savoirs de la terre présents dans les contes ou d’une tapisserie sur les oiseaux et la pédogenèse (ensemble des processus qui, en interaction les uns avec les autres, aboutissent à la formation, la transformation ou la différenciation des sols). Elle créé en 2016 avec Stéphanie Sagot Le Nouveau Ministère de l’Agriculture, une institution fictive qui tend à démasquer les absurdités des politiques agricoles françaises et propose des solutions concrètes pour sortir d’un modèle de société extractiviste.
En 2021, Suzanne Husky présente son travail dans le cadre du Festival de Film de la Villa Médicis à Rome, à la biennale de Timișoara, au Transpalette de Bourges, à l’Espace Voltaire à Paris et à l’IAC Villeurbanne/Rhône-Alpes. Elle a également exposé au Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA à Bordeaux (2020), au Museum of Modern Art à Varsovie (2020), à la 16e biennale d’Istanbul (2019), à l’aéroport international de San Francisco (2017), au De Young Museum (2010), à la triennale Bay Area Now 5 au YBCA de San Francisco (2008), entre autres. Elle participe à la 16e Biennale d’art contemporain de Lyon (2022).
Suzanne Husky est représentée par la galerie Alain Gutharc à Paris.