Exposition

L’Isola

Anush Hamzehian & Vittorio Mortarotti

13.11 — 23.12.21

Yonaguni est une petite île du Japon frappée par les courants de l’océan Pacifique. Aujourd’hui, moins d’un millier de personnes y vivent et peu d’entre elles parlent encore le dunan, une langue ancestrale qui existe seulement dans la tradition orale et qui a ainsi été transmise d’une génération à l’autre. La vie s’en va progressivement de Yonaguni et la mémoire de l’île disparaît avec ses derniers habitants. Dans quelques années, le dunan n’existera plus.

L’Isola, le projet d’Anush Hamzehian et Vittorio Mortarotti, immortalise les dernières lueurs et les récits d’une langue – et d’une communauté – qui disparaissent. Le public est invité à « visiter » Yonaguni à travers une vidéo-projection d’images photographiques et un diptyque de photographies. L’île reprend vie avec force et authenticité grâce à une installation sonore qui déclame des récits, ballades et paroles en langue dunan.

 

On marchait au milieu des vagues, seul.e.s comme le mont Urabu

L’Isola (L’Île) est le dernier projet du duo d’artistes Anush Hamzehian, vidéaste et Vittorio Mortarotti, photographe. Depuis quelques années ils s’associent pour sillonner le Japon, observer les frontières d’Iran ou encore questionner la poussière d’Alamogordo au Nouveau Mexique…

 

Ces lieux distants et les rencontres qu’ils génèrent sont tous liés par un fil rouge qui traverse leur travail, rapprochant lieux et continents. Anush Hamzehian et Vittorio Mortarotti s’intéressent à la mémoire et à l’Histoire, ou plus précisément, aux conséquences de la grande histoire sur les destins individuels. La transmission de la mémoire, les récits qu’elle génère, mais aussi les notions de perte et de reconstruction sont au cœur de leurs œuvres. 

 

On rencontrera au fil de leur projets un scientifique mélancolique qui étudie les méduses immortelles — rêve et chimère du défi de la mort (Monsieur Kubota) — ou des groupes de touristes en visite du premier site de tests atomiques (Most Were Silent) ; on les suivra enfin dans la traversée immobile d’une frontière infranchissable (Eden).

 

Dans L’Isola, ils restituent la langue, la voix et les images de l’île de Yonaguni, une petite terre émergée au milieu de la mer de Chine, le point le plus à l’ouest du Japon. L’île est habitée depuis des siècles par une communauté qui parle le dunan, une langue ancestrale qui existe seulement dans la tradition orale et qui est ainsi transmise de génération en génération.

L’exposition présentée au CAP se construit autour d’une installation sonore et de projections photographiques qui nous invitent à Yonaguni. Les voix qu’on entend tissent des récits empruntés aux mythes et aux légendes de l’île ou à des fragments de vie quotidienne.

 

« On traquait les espadons, c’était une vie comme ça…»

« Dans l’île au sud, le temps comme la marée emporte toutes les anciennes traditions. »

 

Aujourd’hui le dunan est recensé parmi les langues en danger 1 ; la vie sur l’île est de plus en plus difficile et ses habitants quittent leur terre. Les jeunes partent sans revenir et le dunan s’éteint avec ses derniers gardiens emportant avec lui la mémoire de l’île et tout un système de pensée.

 

Dans l‘espace d’exposition, on circule comme si on déambulait à Yonaguni. Fragments d’images accompagnent les voix et les récits de ses habitants.

 

« Nous devions chanter une chanson, guidés par les maîtres dans les rues de Sonai… »

 

Les artistes nous présentent une cartographie de l’île à travers un récit choral, dernier refuge d’une langue qui disparaît, métaphore de toutes les cultures et les mémoires qui s’en vont avec elle.

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Anush Hamzehian & Vittorio Mortarotti

Anush Hamzehian
Né en 1980 à Padoue (Italie)

 

Vittorio Mortarotti
Né en 1982 à Turin (Italie)

 

Site web : hamzehianmortarotti.com

Facebook : @mukashimukashi.hamzehianmortarotti

Anush Hamzehian et Vittorio Mortarotti s’intéressent à la notion de marginalité, tant d’un point de vue géographique que social. Au cours des dernières années ils ont réalisé des projets en Biélorussie, Japon, Arménie et aux États-Unis en travaillant avec des réfugiés politiques, des mineurs, des survivants du tsunami ou des vétérans de guerre.

 

Leurs installations qui combinent photographie et vidéo interrogent les conséquences des grands évènements de l’Histoire sur le destin individuel et sur la (re)construction de la mémoire.

Le travail autour du livre accompagne les projets des artistes. 

Un travail cinématographique complète la pratique des deux artistes. En 2016 leur film l’Académie de la Folie a reçu le prix Scam et en 2018 ils ont présenté leur long métrage Monsieur Kubota, un film sur la recherche de l’immortalité, coproduit par France 2.