Exposition

Teatro disociativo

Armando Andrade Tudela

27.05 — 29.07.23

Le CAP accueille dans ses espaces Teatro disociativo, une exposition personnelle de Armando Andrade Tudela. À côté d’œuvres produites dans les dernières années et de nouvelles productions, l’exposition présente un aperçu des recherches récentes de l’artiste. Une grande structure occupe et habite l’espace d’exposition ; cet espace sculptural établi les règles pour les spectateur·ices, définit un dialogue entre les œuvres et accentue la relation intérieur/extérieur, perception et narration.
Teatro Disociativo est à la fois une scène où se déploient les récits des œuvres et une sculpture à part entière.

Pour son exposition d’été, le CAP • Centre d’art invite l’artiste Armando Andrade Tudela à investir l’espace d’exposition avec son nouveau projet ; Teatro Disociativo.
Pour reprendre les mots de l’artiste : Teatro Disociativo est un projet basé sur la construction d’une structure/scène à l’intérieur de l’espace d’exposition du CAP. Cette structure, à mi-chemin entre une cellule d’enfermement et un labyrinthe, est le contenant d’une série de relations matérielles développées autour des notions de visibilité et d’opacité, de structures sociales et de modes de représentation, tout en soulignant la manière dont les espaces régulent les dynamiques sociales (être économiques, affectifs ou politiques)1.

 

Le titre condense les deux notions qui régissent l’exposition ; le théâtre comme lieu de la mise en scène, mais aussi comme lieu physique – lieu du « regarder » – sur lequel se déploient actions et récits et la notion de dissociation ou d’expérience dissociative – pour le dire avec les mots de l’artiste. Il s’agit d’un concept propre à de nombreuses disciplines, de la psychologie à l’anthropologie ; un décalage, une déconnexion entre la pensée et l’environnement entourant qui impacte notre perception et par conséquent la manière de faire l’expérience du monde extérieur.
Et c’est bien dans l’ambiguïté entre intérieur/extérieur, contenant et contenu, perception et expérience que l’artiste construit son théâtre dissociatif. Deux modules – semblables à des cellules de confinement – sont assemblés avec des matériaux de construction, des matériaux recyclés ou provenant d’autres expositions. Ils définissent des espaces dans lesquels nous pouvons entrer, ou au travers desquels les oeuvres se laissent seulement entrevoir, par le découpage d’ouvertures/accès/passages que seul le regard peut traverser.

Jeux de perspectives, d’ouvertures et fermetures obligent, bloquent ou dirigent le regard des spectateur·ices et dévoilent un rapport de force nous rappelant que la représentation est régie par un ensemble de règles qui relèvent du politique, du culturel ; un « contrat » stipulé dans l’exposition entre l’artiste et le spectateur. Au sol et par endroits au mur, des fragments de texte sont imprimés. Structure, Coupes couleurs, X Propriétaire, Rebut2 a été commandé par l’artiste à l’écrivaine Elsa Boyer lors de la préparation d’un film en 2019. Ce scénario potentiel, finalement jamais utilisé, trouve sa place ici.

 

Armando Andrade Tudela est connu pour ses sculptures et ses installations – sans oublier la photographie ou la vidéo – qui interrogent le mode de circulation/traduction et assimilation des formes et des idées dans les différents contextes culturels. On retrouve dans Teatro Disociativo ces préoccupations aussi bien que les éléments qui traversent comme un fil rouge la pratique de l’artiste : l’utilisation de matériaux de construction, la relation à l’architecture mais aussi la notion de productivité et de travail.
Dans Teatro disociativo, il introduit un lexique formel qui interroge l’espace de l’exposition comme objet où la frontière entre l’œuvre et l’apparat d’exposition est volontairement floue.

Teatro disociativo est une expérience dont l’artiste établit les règles et orchestre savamment la relation entre l’intérieur et l’extérieur des espaces aussi bien qu’entre les liens et les narrations potentielles qui se tissent entre les œuvres.
Et dans cette sculpture-scène, à la fois lieu et objet de la représentation, comment distinguer où commence et où finit l’œuvre ?

 

commissariat: Alessandra Prandin

Armando Andrade Tudela

Armando Andrade Tudela
Née en 1975
Vit et travaille à Lyon, FR.

 

 

Après des études au Royal College à Londres et à la Jan Van Eyck Academie à Maastricht, il a vécu à Saint-Etienne, à Berlin, puis aujourd’hui à Lyon, où il est professeur de volume et d’installation à l’ENSBA de Lyon.

 

Il associe une part de son travail à la notion d’hantologie, un concept issu du livre Spectres de Marx de Jacques Derrida (1993), dans lequel celui-ci évoque les manifestations, visibles et invisibles, du passé qui hantent le présent.  C’est donc dans une dimension traumatique, et somatique, que la notion d’hantologie interroge le rapport du passé au présent.

 

Dans l’oeuvre d’Andrade Tudela, la question de l’origine et de sa dissolution intervient, à travers des évocations de différents projets modernistes, occidentaux et sud-américains, et de leur persistance et déviation au sein de l’industrie culturelle et de l’imagerie populaire.

 

Le travail de Armando Andrade Tudela a été récemment exposé au MOMA, New York,  Galerie Carreras Mugica, Bilbao, Espagne, et à la Galerie Dvir, Tel-Aviv, Israël.

Autour de l’exposition