Année 2345
Lundy Grandpré
Vue de la performance Devenir larve de Lundy Grandpré le 15.10.2022 © Joséphine Chauchat
Vue de la performance Devenir larve de Lundy Grandpré le 15.10.2022 avec la complicité de Gabrielle Marty et Martin Poncet. © CAP Saint-Fons
Vue du jardin de Lundy Grandpré au centre d’art pour la performance Devenir larve © Joséphine Chauchat
Les boissons de 2345 by Lundy Grandpré, dans le cadre du Mai d’Adèle, mai 2022, ©CAP Saint-Fons
Préparation performance du 05 mars 2022 © Lundy Grandpré
Mise en scène de Lundy Grandpré pour la performance Devenir larve © CAP Saint-Fons
Vue de la performance Devenir larve de Lundy Grandpré le 15.10.2022 © Joséphine Chauchat
Ecosexualité, écoféminisme et botanique jubilatoire - et libératoire - sont les fils rouges qui traversent leur pratique.
Chère A.,
Sur une invitation du Centre d’Art de St-Fons, j’occupe l’espace et m’amuse de différentes apparitions au cours de la saison 2022, que j’appellerai année 2345. Un mot est jeté, comme un thème, un fil rouge en quelque sorte : la science-fiction. Le mot fait peur. Un monument d’oeuvres des plus glam, aux plus mauvais goût, de la culture populaire aux intellectuæls, des machos mascus aux queers pailletæs. Dans ma tête, les références se mélangent, les histoires s’entremêlent. J’apercois Thimotée Chalamet et Zendaya dans le Dune au 165000000 de dollars, les cyborgs de Ïan Larue, les chiens d’Haraway et nos biens chères sœurs Beth Stephens et Annie Sprinkle qui créent de nouvelles narrations avec la science du Vivant. Et toujours la même question : les histoires peuvent-elles nous aider à changer le réel ?
J’ai pensé à un jardin. J’ai imaginé une pseudo-nature qui aurait repris ses droits. Un espace qui, abandonné par les humains, aurait laissé naitre, sans le savoir et dans la discrétion du béton, un formidable remède. J’ai rêvé un jardin du futur d’où ressurgi les histoires de nos grands-mères, de nos ancêtres sorcières, les révoltes de nos soeurs. J’ai voulu un jardin post-apocalyptique du passé. Comme la science-fiction d’un Moyen-âge surement un peu rêvé, où vit un monde souterrain empli de magie et de remèdes secrets échangés sous la protection d’une cape sombre et d’un rituel défensif.
J’ai voulu laisser pousser ce jardin au coeur du béton et de la dureté de la ville. Une idylle révolutionnairement rêveuse au milieu d’un centre d’art, îlot de privilèges symboliques, rendu inaccessible pour beaucoup.
La science-fiction potagère sera collective ou ne sera pas. J’inviterai les voisins, les voisines, leurs amiz non genrées et leurs soeurs chiennes ou larves à entrer dans mon laboratoire. Nous écrirons ensemble les histoires de demain. Nous partagerons les récoltes, les semis et boirons ensemble nos médicinales du futur. J’ai l’espoir intime et romantique qu’au détour d’un plant d’Armoise, dans un recoin bétonné, ce seront de nouveaux récits qui se chuchoteront aux oreilles, les confidences intimes qui auront oublié leur portée politique et se dénuderont dans l’oreille des unes et des autres.
En vous souhaitant à tous, toutes, touz et tou* une magnifique année 2345. Une année pleine de surprises, car j’ai gardé quelques idées secrètes, une année à batir ensemble, une année pour démolir les normes, prendre soin de soi et des autres et se laisser porter par les étonnements que nous réserve cette rencontre.
2345ment
Lundy Grandpré.
Lundy Grandpré atterrit au CAP suite à une résidence de 6 mois à la Factatory en 2021, en collaboration avec la Galerie Tator. Après une année d’incursions au CAP, iel est invité·e pour une année de résidence aux Subsitances à Lyon.
Lundy Grandpré
Lundy Grandpré est plastician et performaire, artiste à la pratique pluridisciplinaire qui développe un travail sur l’altergynécologie, l’écoféminisme et l’anticapitalisme, le mouvement Queer, l’éco sexualité.
« Physiquement multiple, virtuellement nombreusœ, sexuellement infini.e, al est un être révolutionnaire queer. » — Lundy Grandpré