Exposition

Vanilla oxide

Bianca Bondi

29.01 — 05.03.22

Adepte de l’énergie intrinsèque des objets, des lieux et de la transformation permanente des matières, Bianca Bondi investit le CAP avec une nouvelle production in situ qui conclut sa résidence de production au centre d’art pendant le mois de janvier.
Pour Vanilla oxide, Bianca Bondi dévoile un spaccato de son univers, où s’enchevêtrent dans une approche holistique, préoccupations contemporaines, relation organique/synthétique et sagesse ancestrale.

L’exposition présentée au CAP Saint-Fons prend son point de départ dans les recherches menées par l’artiste sur l’histoire de la ville de Saint-Fons et sur le contexte dans lequel s’inscrit le centre d’art. Vanilla oxide rapproche deux mondes: celui des réactions chimiques comme l’oxydation, la solidification — des procédés que nous retrouvons souvent chez Bianca Bondi. Et la vanille — dont l’essence artificielle est produite dans une usine à proximité du centre d’art — et dont l’histoire permet de parler de rituel, d’écologie, de globalisation ou de féminisme, qui sont des sujets présents en filigrane dans le travail de l’artiste.

 

Mélangé avec du cacao par les aztèques dans des breuvages rituels pour communiquer avec les dieux, la vanille devient un phénomène européen suite à la colonisation qui fait découvrir cette orchidée à la fleur séduisante et éphémère. Depuis son internationalisation et son exploitation intensive, la vanille (surtout dans sa version synthétique, la vanilline) est devenue un arôme ordinaire, le plus répandu dans le monde et omniprésent dans nos vies ; de l’industrie agroalimentaire à la cosmétique jusqu’à l’activisme. Vanilla est utilisé par les mouvements féministes renouant avec l’étymologie du mot qui renvoie au sexe féminin 1 et définit une sexualité conventionnelle en opposition aux sexualités plurielles.

L’arôme de vanilline qui se répand dans l’air de Saint-Fons, produit phare d’une entreprise historique de la vallée de la Chimie, fait pendant à celui de la « vraie » vanille qui envoute l’espace d’exposition. « Pour cette exposition j’ai voulu utiliser de la vanille naturelle, de plus en plus rare et précieuse, dans l’idée de reenchanting the mundane — d’enchanter, envouter l’ordinaire. Associer cet élément rare contraste avec les objets auxquels je me suis intéressée ; des prélèvements directs d’éléments trouvés dans les espaces autour du centre d’art et qui brouillent la frontière entre le domestique et le lieu de travail, la ruine et le ready-made. Ce sont des choses qui parlent de ces lieux et de la ville en transformation ».

 

L’artiste rassemble des objets, «des sculptures à part entière», qui ont déjà subi l’action du temps, chargés d’histoire — des histoires — qui ont habité ces espaces ; le passé de la ville ouvrière, la cantine d’une école construite et abandonnée, le centre d’art, l’ici et maintenant. Et si chaque objet est un memento du passé, chaque oeuvre de Bianca Bondi est une capsule spatio-temporelle; une passerelle entre passé, présent et futur, car les objets se chargent d’une énergie nouvelle qui se déploie dans un tout nouveau récit qui s’ouvre dans ces lieux.

[…] Suite du texte disponible dans le dossier de presse

Bianca Bondi

Née en 1986 à Johannesburg, Afrique du Sud.
Vit et travaille à Paris.

 

Site web : biancabondi.com
Instagram : @bondi_bianca

Multidisciplinaire, la pratique de Bianca Bondi s’opère à la fois par un mélange de méthode et d’expérimentation matérielle. Avant tout centrées sur l’idée de processus, ses œuvres sont le plus souvent pensées spécifiquement au lieu qui les abritent. Les matériaux qu’elle utilise sont précisément choisis pour leurs propriétés intrinsèques ou leur potentiel de transformation au cours du temps ; leurs combinaisons créant des surfaces étranges et nouvelles. Inspiré par les sciences occultes, son processus de travail

peut être comparé à une pratique rituelle ou à une sorte d’alchimie instinctive. En favorisant toutes sortes de mutations possibles entre les différents éléments qui constituent ses pièces, elle en fait les acteurs de lentes performances conceptuelles, à la fois sur des échelles macro et microscopique. L’artiste relie ces rencontres organiques à des situations actuelles ou à l’histoire des lieux en question, et soutient un discours écologique en tentant de nous rapprocher de l’intangible.