Exposition

Soleil City

Virginie Yassef

03.12.22 — 11.02.23

Soleil City est une performance visuelle, plastique et sonore qui se déploie dans les espaces du centre d’art. Pour cette exposition monographique Virginie Yassef nous présente son dernier projet et des œuvres qui sont autant de scénarios dans une mise en scène où fiction et réalité, le réel et le merveilleux se fondent.

Comme souvent dans sa pratique, l’artiste nous plonge dans un récit habité par de rencontres impossibles – une sculpture ventriloque, une vidéo récit, des scénarios fantôme – qui interrogent notre passé et nous projettent dans l’avenir. Soleil city est un univers où le temps décélère, où il est possible de se laisser porter par la magie de l’irrationnel, où le doute, et le rêve, animent les objets qui nous entourent.

Pour son exposition personnelle au CAP Saint-Fons Virginie Yassef nous invite dans un paysage imagé, imaginé et imaginaire où rien n’est ce qui semble. Bienvenue à Soleil City.
Deux nouvelles productions montrées en avant-première au Centre d’art – une sculpture ventriloque et une vidéo inédite – orchestrent le récit de l’exposition. Car chez Virginie Yassef on parle de récit mais aussi de scénario au point que l’artiste définit son travail comme un long scénario qui se déroule sous nos regards et interprété par des œuvres-personnage.
Soleil city, le titre de l’œuvre qui donne son nom à l’exposition, est digne d’un roman d’anticipation. La capacité d’imaginer des mondes et des réalités « autres » motive l’intérêt de Yassef pour la science-fiction mais, si la littérature ou la poésie – de Beckett à Bradbury en passant par le réalisme magique – sont une source inépuisable d’inspiration pour l’artiste, elle puise également dans les savoirs de la science contemporaine avec son répertoire de découvertes.

 

Vous vous étonnez ? Quand on parle d’un insecte qui entend avec ses tibias, ils parlent de moi.

 

L’artiste collecte systématiquement des articles de journaux, classés ensuite hors contexte et hors chronologie car, dans l’énoncé tiré d’un discours scientifique, dans le langage les plus éloigné de toute image visuelle comme celui de la science (…) on peut croiser une image qui stimule inopinément l’imagination figurale 1.
Le sens de la merveille et de l’émerveillement ainsi qu’une réalité élargie, ralentie ou décalée, sont les fils rouges qui traversent l’œuvre de Virginie Yassef.

Dans Soleil city, l’artiste poursuit la construction de son iconographie fantastique initiée avec des pierres qui parlent (Au milieu du Crétacé, 2014), un immense rocher qui cache un

passage secret (Passe Apache, 2006) ou des pattes de tortue qui perdent leurs griffes (La Savane, 2017). Le détournement d’usage, des matières ou de la fonction de l’objet est pour l’artiste une manière de ralentir le flux du réel pour que nous puissions l’appréhender « autrement » et grâce à l’imagination atteindre à une connaissance extra individuelle, extra subjective ; un répertoire du potentiel, de l’hypothétique 2.

 

La scénographie de l’exposition devient décor ; un désert aride et lointain qui transforme tout l’espace d’exposition en (mise en) scène où se déploient les récits des œuvres.
Une branche ventriloque nous livre un monologue dont nous sommes les spectateurs. Les assemblages d’images des Scénarios Fantômes, comme autant d’éclats de récits potentiels, nourrissent ce théâtre mental et visuel. Dans la vidéo, les soleils d’un monde post apocalyptique font de la lumière le seul repère pour mesurer le temps et s’orienter dans l’espace. Des grands yeux étincelants nous fixent comme un fauve fixe sa proie.
Ou peut-être éclairent-ils ce qui nous échappe, ce que nous sommes incapables de voir ?

 

Au troisième siècle on croyait à une sorte de source lumineuse située dans les cieux et transmettant des images idéales ; un réservoir d’images au service de l’imagination comme instrument de connaissance. Chez Virginie Yassef, chaque œuvre est source d’imaginaires, un objet du doute où se joue toute l’ambiguïté entre savoir et sentir, entre récit et expérience sensible, où tout est réalité, tout est fiction.

 

Interprétation et voix : Roberto Zibetti
Composition sonore : Charles-Edouard de Surville
Maquillage : Marie Maresca
Commissariat : Alessandra Prandin

 

 

1. Italo Calvino, Les leçons américaines, Visibilité, Ed. Gallimard, 1989, p. 131
2. Idem, p. 132

Virginie Yassef

Virginie Yassef
Née en 1970 en France. Vit et travaille à Paris.

 

Web : www.virginieyassef.net
Instagram : @virginie_yassef

Virginie Yassef est diplômée l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (Master et Post-diplôme). Elle a présenté d’importants projets monographiques, notamment au Jeu de Paume à Paris, à La Galerie – Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, au Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson à Noisiel. Elle a signé des participations remarquées à « La Force de l’art 02 » » au Grand Palais ainsi qu’à plusieurs programmations officielles de « Nuit Blanche » à Paris en 2011, 2013 et 2016. Ses premiers spectacles ont été programmés à la Gaîté Lyrique (Paris), au festival tjcc du T2G et à la Ferme du Buisson Scène Nationale de Marne la Vallée. Elle a été invitée en résidence pour la biennale de Kampala (Ouganda) en 2017. Elle a reçu le soutien de la Fondation Hermès pour le programme New Settings 2018. Dans ce cadre, elle a présenté en novembre 2018 un spectacle intitulé The Veldt au théâtre des Amandiers – Scène Nationale à Nanterre ainsi qu’à « Performance Day » au Centre d’Art Contemporain de la Ferme du Buisson à Noisiel.

En 2021, elle est lauréate de la Commande d’œuvres temporaires et réactivables dans l’espace public (CNAP) ainsi que de l’aide à la production de la Fondation des artistes (MABA) et de l’AIC, DRAC-Île-de-France. Elle est aussi lauréate du programme Mondes Nouveaux.

 

Depuis 2002, Virginie Yassef est représentée par la galerie G-P & N Vallois à Paris. Ses œuvres ont été acquises par des collections privées et publiques (Frac Ile-de-France, Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Frac Languedoc-Roussillon, Frac Normandie Caen FRAC Grand Large – Hauts-de-France et MAC VAL Musée d’art contemporain du Val-de-Marne).

Autour de l’exposition